Présentation

CARTON + ARGILE
Camille MASSEL, printemps-été 2021

Le carton, l’argile. Deux matériaux disons « pauvres » que Camille MASSEL a choisi d’investir désormais. Investir, au sens d’exploration, de recherche, d’investigation, sans idée préconçue.

Dans un premier temps, le carton*, le vulgaire carton d’emballage, sert de défouloir à un besoin physique : arracher, détruire, triturer, soulever, trouer… Cette gestuelle violente permet le calme intérieur, puis se mue en acte plastique. Les lacérations, obtenues avec de petits outils de menuisier (des chasse-clous), les perforations, au moyen de tournevis divers, deviennent un mode opératoire étrange et singulier, dans des formats qui grandissent.

Sur des cartons alvéolaires, l’arrachage dévoile parfois l’ensemble de la structure en nid d’abeille des rayons d’apiculteurs, parfois des fragments de paysages, comme vus d’avions. Des îles peut-être, environnées de profondeurs sous-marines…

D’autres paysages apparaissent plus tard, sur des petites plaques en terre gravée. Le support n’est plus monochrome, l’argile* est déclinée sous diverses couleurs, parfois bigarrées. Là, le mode d’expression devient plus doux, avec des outils plus délicats. Un apaisement, qui n’empêche pas de revenir périodiquement aux pratiques plus agressives envers le carton…

Mais la terre a d’autres exigences que le carton. Indomptables lors du séchage, les fines plaques d’argiles se tordent, se fissurent comme si elles avaient été découvertes lors de fouilles archéologiques. Elles dévoilent cette fois des écritures, tantôt séculaires, tantôt modernistes. Vues de haut, les représentations de jardins clôturés, de vergers, de chemins, sortes de plans cadastraux à la manière du XVIIIe siècle, s’opposent aux figurations abstraites : griffures, striures, hachures, zébrures, mais dans un mode serein. Et ailleurs, des oiseaux gravent leurs minuscules traces de pattes sur un sol désertifié.

Il y a peu, Camille MASSEL s’était confrontée avec bonheur au papier japonais et aux feutres de couleurs*, puis à la gravure*. Aujourd’hui, elle se pique d’autres matières et s’y frotte avec joie.

*Cliquer sur les liens en gras et souligné pour accéder aux oeuvres correspondantes.